Guy Perrier Scientific Memorial Day

Membre de Calligramme dès sa création, puis de Sémagramme, notre collègue Guy Perrier est décédé le 18 juin 2023. Ses travaux l’ont mené de la logique au traitement automatique des langues naturelles. Après sa thèse, intitulée « De la construction de preuves à la programmation parallèle en logique linéaire », soutenue en 1995, il est recruté comme maître de conférences à l’IUT d’Épinal. En s’inspirant des réseaux de démonstration de la logique linéaire, il définit le formalisme des grammaires d’interaction dont le développement donnera lieu à FRIGRAM, une grammaire du français à large couverture. C’est d’ailleurs sur cette thématique que porte son Habilitation à Diriger des Recherches, qu’il obtient en 2003.

En 2005, il est nommé Professeur des Universités à l’Université de Nancy 2 et accédera une dizaine d’années plus tard à l’éméritat. Au cours de ces dernières années, ses travaux portaient sur la réécriture de graphes, appliquée à l’analyse syntaxique et sémantique d’énoncés langagiers, notamment avec le développement de Grew et de systèmes de réécriture, restant scientifiquement très actif au sein de l’équipe Sémagramme (voir également la page d’hommage sur le site du LORIA).

Nous souhaitons saluer sa mémoire à l’occasion d’une journée scientifique commémorative le 24 novembre 2023. Elle aura lieu au LORIA dans l’amphitéatre Gilles Kahn.

Oratrices et orateurs

Les oratrices suivantes et orateurs suivants ont confirmé leur présence :

Informations pratiques

La participation à cette journée est gratuite, mais l’inscription est obligatoire, au plus tard le 13 novembre en cas de participation aux repas, et au plus tard le 10 novembre pour les ressortissantes et ressortissants de pays non membres de l’espace Schengen afin de demander les autorisations nécessaires.

Indication pour venir au LORIA.

Programme

Les présentations auront lieu dans l’amphithéatre Gilles Kahn (bâtiment C).

9h30 — 10h00Accueil
10h00 — 10h15Ouverture de la journée par Jean-Yves Marion
10h15 — 10h45Christian Retoré : Sur l’injectivité de l’interface syntaxe sémantique dans les grammaires catégorielles
10h45 — 11h15Yannick Parmentier : Décrire des grammaires formelles : l’exemple du projet XMG
11h15 — 11h45Bruno Guillaume : De Leopar à Grew, 20 ans de collaboration avec Guy
11h45 — 12h15Philippe Blache : De la logique aux données : bousculer les dogmes, parvenir à l’humain
12h15 — 12h30Karën Fort : Guy Perrier, enseignant et encadrant
12h30 — 14h30Déjeuner
14h30 — 15h00Philippe de Groote : Des grammaires catégorielles aux grammaires d’interaction via la logique linéaire
15h00 — 15h30Sylvain Kahane : Les grammaires d’interaction et la polarisation
15h30 — 16h00Maxime Amblard : Promouvoir le TAL dans l’enseignement, l’autre facette du métier d’enseignant-chercheur
16h00 — 16h15Pause
16h15 — 16h45Kim Gerdes : Quand la syntaxe a pris la route du SUD
16h45 — 17h15Guillaume Bonfante : Grew à l’œuvre, apprentissage de grammaires
19h00Dîner au Grand Café Foy

Titres et résumés

Promouvoir le TAL dans l’enseignement, l’autre facette du métier d’enseignant-chercheur

Maxime Amblard (LORIA, Université de Lorraine)

La recherche en TAL a été très active en Lorraine et à Nancy depuis des années, ce qui a permis l’essor du département 4 du Loria et de l’ATILF. En parallèle de cette riche activité, a émergé la question de former les étudiants à ces thématiques. Guy a largement participé à définir la place du TAL dans l’enseignement supérieur local, et son travail est fondateur pour les formations actuelles sur la thématique. Dans cet présentation nous reviendrons sur ce travail et les perspectives défendues par Guy dans son travail d’enseignant à l’université.

De la logique aux données : bousculer les dogmes, parvenir à l’humain

Philippe Blache (ILCB, LPL, CNRS)

Grew à l’œuvre, apprentissage de grammaires

Guillaume Bonfante (LORIA, Université de Lorraine)

(Travail commun avec Bruno Guillaume)

Nous présentons les expériences d’apprentissage de grammaires de langues naturelles réalisées à l’aide de l’outil GREW. Partant de corpus annotés, nous proposons de décrire la grammaire de la langue en question via des règles GREW. Toute la difficulté vient de l’explosion combinatoire des motifs mais aussi du fait qu’on attende d’avoir des motifs qui ait un sens “linguistique”. Nous proposons de discuter des deux points en question.

Des grammaires catégorielles aux grammaires d’interaction via la logique linéaire

Philippe de Groote (LORIA, centre Inria de l’Université de Lorraine)

Guy Perrier, enseignant et encadrant

Karën Fort (LORIA, Sorbonne Université)

Quand la syntaxe a pris la route du SUD

Kim Gerdes (LISN, Université Paris-Saclay)

De Leopar à Grew, 20 ans de collaboration avec Guy

Bruno Guillaume (LORIA, centre Inria de l’Université de Lorraine)

Ma collaboration avec Guy a commencé avec l’implémentation des Grammaires d’Interaction dans le logiciel Leopar et dans la grammaire du français Frigram. En passant par quelques détours sur les ressources lexicales du français (tables du LADL, Dicovalence et LVF notamment), nous avons ensuite exploré, avec Guillaume Bonfante, la réécriture de graphes et son application au traitement automatique des langues et à la production de ressources linguistiques.
L’implémentation de cette approche dans le logiciel Grew et les nombreux systèmes de transformations de graphes écrits par Guy sont encore largement utilisés aujourd’hui.

Les grammaires d’interaction et la polarisation

Sylvain Kahane (Modyco, Université Paris Nanterre & CNRS / Institut Universitaire de France)

Guy Perrier a developpé au début des années 2000 un formalisme grammatical, les Grammaires d’interaction, qui a mis en évidence le rôle des polarités dans la combinaison des règles de grammaires et le contrôle de la saturation de la structure, travail qui a été formalisé dans sa collaboration avec Guillaume Bonfante et Bruno Guillaume. Nous reviendrons sur la polarisation, sur la façon dont elle est plus ou moins explicite dans les principaux formalismes et sur son rôle fondamental en grammaire formelle.

Décrire des grammaires formelles : l’exemple du projet XMG

Yannick Parmentier (LORIA, Université de Lorraine)

Pendant plusieurs décennies, les recherches en linguistique informatique se sont intéressées entre autres à la question de la structure interne de la langue : comment nos énoncés sont-ils construits ? Diverses théories ont été émises, parmi lesquelles nous pouvons citer les travaux de Chomsky autour de la grammaire générative (Chomsky, 1957). Ces travaux ont ouvert la voie à la description formelle de phénomènes linguistiques au moyen d’outils mathématiques (en l’occurrence des systèmes de réécriture) désignés sous les termes de formalismes grammaticaux.
Avec le développement de grammaires formelles dites couvrantes (i.e. décrivant un grand nombre de structures langagières) à la fin des années 90 (But et al., 1999 ; Copestake et al., 2000 ; XTAG, 2001) est
apparu le besoin de techniques et d’outils permettant d’en faciliter la maintenance et l’extension. Ce besoin est particulièrement prégnant dans le cas des grammaires lexicalisées qui sont composées d’un grand nombre de règles associées chacune à un ou plusieurs items du lexique. Dans cet exposé, nous allons revenir sur le projet XMG initié au Loria au début des années 2000 (Duchier et al., 2005), qui s’est intéressé à la description de grammaires formelles arborescentes : grammaires d’arbres adjoints (Joshi et al., 1975) et grammaires d’interaction (Perrier, 2000), et auquel a grandement contribué Guy. Nous décrirons le concept de méta-grammaire, sa mise en œuvre dans l’outil XMG, et l’utilisation de ce dernier pour développer des grammaires couvrantes du français (Crabbé, 2005 ; Perrier, 2007 ; Gardent, 2008).

Sur l’injectivité de l’interface syntaxe sémantique dans les grammaires catégorielles

Christian Retoré (LIRMM, Université de Montpellier)

(Travail réalisé avec Davide Catta, U. Napoli, et Richard Moot, LIRMM.)

Une phrase comme Un rond est relié à chaque carré a deux lectures :

  1. ∀c [carré(c) ⇒ ∃r {rond(r) & relié(r,c)}]
  2. ∃r [rond(r) & ∀c {carré(c) ⇒ relié(r,c)}]

Ces deux lectures résultent d’un calcul déterministe à partir des deux analyses syntaxiques catégorielles possibles.

Dans ce travail nous nous demandons si la propriété ci dessus est générale : deux analyses syntaxiques distinctes d’une même phrase conduisent-elles toujours à des représentations sémantiques distinctes ?
Nous nous poserons la question dans un cadre très restreint :

  • l’analyse syntaxique est une dérivation du calcul de Lambek
  • la représentation sémantique est une formule logique,
  • et les mots sont utilisés avec la même sémantique dans les deux analyses.

Nous verrons qu’avec des hypothèses raisonnables l’interface syntaxe-sémantique est effectivement injective.

Contact

Pour toute question, vous pouvez contacter Sylvain Pogodalla (sylvain.pogodalla@inria.fr).

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