Fresque des Risques Systémiques Globaux
Les risques systémiques résultent des interactions au sein d’un système dans lequel des vulnérabilités sont présentes. Si les éléments d’un système sont sensibles et suffisamment imbriqués, la perturbation d’un ou de plusieurs d’entre eux peut se propager à l’ensemble du système, déclenchant des réactions en chaîne et des rétroactions. La pensée systémique n’est pas simple. Les cours d’éducation sont souvent spécialisés et se concentrent sur un ou quelques thèmes ou objets. Les étudiants passent souvent d’un sujet à l’autre, sans les relier. Un raisonnement du type « toutes choses égales par ailleurs » se met alors implicitement en place. Ce type de raisonnement est par conséquent aveugle aux interactions avec – et aux vulnérabilités à – des changements dans d’autres éléments d’un système.
L’étude des risques systémiques mondiaux implique logiquement une pensée systémique. Quatre doctorants de l’équipe (Alexandre Borthomieu, Antonin Berthe, Léon Fauste et Mathilde Jochaud du Plessix) ont créé un jeu pour vulgariser ce type de raisonnement. La fresque des risques systémiques globaux est un jeu sérieux visant à élargir la compréhension de cet aspect. Il permet aux participants d’explorer les interactions au sein d’un système et la propagation des perturbations. Le jeu est une représentation visuelle et spatiale des éléments fondamentaux des sociétés occidentales.
Une session se déroule en trois étapes :
- la construction de la fresque,
- l’exploration de scénarios de rupture et
- un temps de « retour à la réalité ».
Dans la première étape, les participants sont invités à construire une carte des éléments qu’ils considèrent comme importants pour la société ; ils sont guidés pour penser d’abord aux besoins primaires, puis aux moyens de répondre à ces besoins (comme l’éducation ou un secteur de la construction) et enfin aux « secteurs » permettant de réaliser ces moyens (énergie et matériaux, finance et géopolitique, « l’environnement »). Les liens entre tous ces éléments représentent des dépendances (voir la figure ci-dessous pour un exemple de résultat).
Dans un deuxième temps, la carte ainsi établie permet d’explorer des scénarios et des questions telles que la manière dont des perturbations dans l’un des éléments ou des liens peuvent se propager dans le système. L’objectif est de favoriser la compréhension de la nature systémique de notre système socio-écologique et d’encourager les participants à réfléchir à nos besoins d’une nouvelle manière, adaptée à un environnement dégradé, puis éventuellement à créer ou imaginer des alternatives plus résilientes.
Comme ces sujets sont sources d’inconfort et d’émotions fortes, un atelier se termine par une troisième étape, pour partager un retour sur ce qui vient d’être vécu, ainsi qu’un temps de partage des émotions, qui nous semble désormais essentiel pour toute recherche ou création de connaissances autour de questions sociales et environnementales qui affectent chaque personne de manière différente. De plus, nous pensons que ce temps permet aux participants d’être accompagnés dans le « retour à la réalité » et de limiter le sentiment d’impuissance.
La fresque des risques systémiques globaux a été utilisée dans divers ateliers avec différents types de public (scientifiques, étudiants, grand public) et nous l’utilisons maintenant de manière routinière dans plusieurs cours à l’université.
Pour plus de détails, veuillez vous référer à ce rapport.
